CHAPITRE III : LA MOISSON (suite et fin)
-Savez-vous que j’ai encore mes poupées de modes et travaux dans un carton ? m’annonce une dame toute contente de voir mes poupées. Françoise, Marie-Françoise et Michel ou Jean-Michel, je ne sais plus. Et j’ai gardé tous les petits habits que je cousais avec ma maman, et tous ceux qu’elle me tricotait… Je vais les ressortir, et je vous les montrerai !
Je suis aux anges ! Ces poupées accompagnaient la revue « Modes &Travaux » depuis les années 50 jusqu’aux années 80 ; les premières furent fabriquées par la société Nobel Française (SNF), mais dès 1963, c’est l’entreprise Petitcollin qui prit le relais. La revue donnait des patrons de couture et de tricot pour habiller les poupées : à raison d’un modèle par mois, vous imaginez la garde-robe des mignonnes ! (Les curieux insatiables peuvent aller lire mon article « les poupées de Modes et travaux » pour en savoir plus)
Dans les jours qui suivent l’exposition, cette gentille dame tient promesse et me recontacte : en fait, elle n’a plus « Françoise » en celluloid, hélas, qui a dû être cassée, mais elle a deux « Marie-Françoise », une blonde et une brune, et un « Jean-Michel »… ainsi que des vêtements et des patrons !
-J’ai tout lavé et repassé, me dit-elle, joyeuse, au téléphone. Comme je me suis amusée ! il me tarde de vous montrer tout cela !
Moi aussi, je suis pressée ! Nous prenons donc rendez-vous… Mais, pour l’instant, revenons à notre exposition…
Le flot des badauds diminue avec l’après-midi qui s’écoule. Petit à petit, chacun des exposants commence à remettre de l’ordre dans ses affaires… Pourtant, un couple s’arrête devant mes belles, visiblement intéressé et attentif. Comme je m’approche, le monsieur m’explique qu’il possède un poupon en celluloïd chargé de souvenirs, mais qu’il l’a cassé en le laissant tomber…. Sa tête est éclatée, c’est irréparable.
-J’y tenais beaucoup, me dit-il. Je l’avais acheté en 1958 à Albi. C’est un baigneur habillé en parachutiste.
Je suis très étonnée ! Voilà que j’entends parler d’un tel baigneur deux fois dans la même journée, quelle coïncidence ! Vite, je l’emmène regarder celui qui m’a été montré ce matin-même, mais la propriétaire l’a déjà rangé dans sa voiture, et ne semble pas enthousiaste pour aller le rechercher… Tant pis : je propose à ce monsieur de m’envoyer une photo du poupon, et nous verrons ce qu’il est possible de faire : trouver le même modèle, faire changer la tête de celui-là, des solutions existent sûrement ! Il est très content et me quitte en prenant mes coordonnées.
Voilà un week-end bien rempli ! Nous pouvons plier bagages : je suis satisfaite, les poupées ont bien travaillé, ma malle aux souvenirs a fait le plein. Il me reste à réinstaller les jolies sur leurs étagères, à classer les photos, à raconter pour votre plaisir toute ces belles rencontres…
Le Pays de Franche-Comté (18-4-2010)
Puis je retournerai au calme et à la solitude que j'aime tant, bercée par le tendre murmure des poupées…
Chapitre I : Les préparatifs - Chapitre II : L'installation - Chapitre III : La moisson des souvenirs