-Mais enfin, ma puce, qu’est-ce que tu lis ? ça a l'air passionnant!
-Oh oui, Elizée, c’est une BD qui vient de paraître… Et elle parle de nous, les noirs. Et de vous, les blancs. Tu sais qu’on a fait subir des choses affreuses aux noirs au moment de la colonisation ?
-Oui, mais c’était il y a longtemps… Et tu es peut-être un peu petite pour te tourmenter avec ces histoires, non ?
-Non, pas du tout. C’est ce qui s’est passé et ça m’intéresse. D’ailleurs, tu devrais lire cette BD, elle te plairait.
Le croirez-vous, que mes poupées se mettent à me conseiller des lectures ? Enfin, je m’exécute, et j’empoigne la BD… Déjà, l’objet est beau, et on a plaisir à le tenir en main : tout blanc, pas très grand, trapu, avec une belle illustration de couverture.
Ensuite, j'ouvre le livre, et là…
Je lis d’un trait jusqu’au bout, avec le même sentiment de bonheur que lorsqu’on se glisse dans un bain bien chaud… Et quand j'ai fini, je recommence depuis le début, pour mieux savourer…
Ça se passe dans les années 30, au Congo, colonie française, au moment de la construction de la voie ferrée « Congo-Océan » qui reliera le port de Pointe-Noire en Atlantique à Brazzaville, sur le fleuve Congo : une construction qui coûtera la vie à des milliers d’autochtones, recrutés de force pour travailler dans des conditions épouvantables*. Pourtant, sur ce fond de racisme et d’injustice, c’est une histoire d'amitié, d’amour et d’espoir qui nous est contée.
L’aventure nous entraîne dès la première page, le trait est agréable, les images sont belles, les couleurs sont un enchantement : chaque page crée son atmosphère particulière, subtile et sensible. C'est simple et ça fonctionne : on hait les méchants, on s’identifie aux gentils et –c’est toute la magie de ce livre généreux- on se met à croire que les gentils peuvent peut-être l’emporter, au final…
Pourquoi est-ce que je vous parle de ce livre ? C’est que je sais que vous aimez les histoires, et voilà une belle histoire, dont on sort enchanté et meilleur ; c’est aussi que je connais bien son auteur, Loïc Malnati, car… c’est mon fils ! Alors je pense et j’espère que ses dessins vous toucheront et vous plairont autant qu’à moi, mes chers lecteurs !
« CONGO-OCEAN », de Loïc MALNATI , édité chez GLENAT
Bonne découverte !
Merci à l'auteur pour les superbes illustrations de mon article !
*A lire à ce sujet :
-Terre d’ébène, de Albert Londres, témoignage d'un journaliste français de l’époque.
-Retour au Congo, de André Gide