A travers le récit de la vie de Catherine REFABERT (voir le résumé de son livre « un amour de poupée » ), une grande partie de l’histoire de l’entreprise CLODREY, puis de l’aventure COROLLE apparaît. J’ai regroupé pour vous ces renseignements !
L’entreprise CLODREY est créée en 1952, par Claude REFABERT, le futur beau-père de Catherine, à Paris. L’entreprise imagine une machine qui permet de créer les premières poupées en polyéthylène qui vont remplacer celles en celluloïd. Elles s’appellent « Bambino » et « Bambinette », leurs yeux sont peints et leurs cheveux gravés dans le plastique. Puis naissent « Jouvenceau » et « Dauphin », semblables aux baigneurs en celluloïd, mais incassables.
Toujours à la pointe de l’innovation, l’entreprise achète aux Etats-Unis la première « machine à perruquer », et fait fabriquer par Rhône-Poulenc un fil de vinyle appelé Chlorène, qui , après multiples traitements, peut devenir les cheveux des poupées. Comme ces cheveux peuvent être non seulement coiffés, mais aussi lavés, les poupées seront vendues avec un petit berlingot de shampoing fabriqué par Dop !
En 1957, pour bénéficier de le prime promise par le gouvernement Mendès-France aux entreprises qui acceptent de quitter Paris, CLODREY part s’installer à Langeais, sur les bords de la Loire, où elle créera dans les années 60, plus de 300 emplois, et exportera ses poupées en Europe et dans le monde entier.
C’est en 1960 que Catherine REFABERT vient s’installer à Langeais, après son mariage, et participer à la création des poupées. En 1962, elle crée « Mick », un poupon de poche de 30 cm, dont le corps en tissu est rembourré de latex. Il est vendu avec une importante garde-robe, et c’est un premier succès. Puis elle crée « Paméla », sa grande soeur.
Claude REFABERT s’intéresse aux poupées automates : il crée « Miss Twist », « Referendum » ( en hommage au referendum sur l’indépendance de l’Algérie en 1962 !), « Baby boude » qui pleure de vraies larmes.
Les yeux des poupées sont fabriqués sur place, et Claude REFABERT crée les « yeux coucous », qui suivent l’enfant du regard.
Il crée aussi « Fanfan », un gros poupon qui pleure en émettant des sons grâce à une cellule photo-électrique.
Les fabricants de poupées de cette époque ont des noms qui font rêver aujourd’hui : RAYNAL , BELLA, GEGE, PETITCOLLIN, BIRGE, LAFLEX. L’entreprise GAMMA, quant à elle, achète ses poupées chez CLODREY et les habille avec luxe...
En 1964, CLODREY fabrique « Nicolas » et « Pimprenelle », en accompagnement de la première diffusion de la série pour enfants de l’ORTF : ce fut un tel succès que le chiffre d’affaire de l’entreprise fut multiplié par six en moins de deux ans !
Puis Claude REFABERT finance les dix premiers épisodes du « manège enchanté », en échange de l’exclusivité des produits dérivés ( « Pollux », « Zébulon », « Margotte » : oh, oh, chers lecteurs, je vois que la nostalgie vous guette !)
En 1965, Catherine REFABERT crée le premier bébé sexué : « Petit Frère », qui mesure 53cm et pèse 1,5kg. Il est réalisé dans une nouvelle matière, le « Chlorure de vinyle ». Il est présenté en chemise, avec le bas découvert...
photo Céline
Si le poupon est accepté sans peine dans les pays nordiques, il est très contesté dans les pays latins. Quand il arrive aux Etats-Unis, en 1967, il suscite des vagues de protestation des ligues morales ! Les conteneurs sont bloqués par les douanes à New York, puis des scandales éclatent dans les magasins. Malgré tout, il se vend bien, et il est suivi en 1968 par « Petite Sœur », puis, l’année suivante, par deux mini-poupées sexuées de 33cm, qui connurent un grand succès.
Claude REFABERT rêve de créer une poupée parlante : il réalise « Daisy », en 1967, grâce à un mécanisme japonais dont il achète l’exclusivité. Cette poupée fonctionne avec des piles, et dit quatre phrases différentes, enregistrées sur un petit disque.
En 1968, il crée « Marie-Claude », la première poupée française qui parle et qui marche : elle mesure 50 cm, elle est très lourde et très chère, néanmoins elle a beaucoup de succès. Mais un vice de fabrication cause la perte de l’entreprise, qui ne peut faire face au coût des réparations et des remboursements : CLODREY est rachetée par la Compagnie Générale du Jouet en 1971 ( entreprise qui fermera ses portes à son tour en 1982).
Catherine REFABERT crée les poupées « CR club » pendant qu’elle travaille encore chez CLODREY nouvelle formule, qu’elle quittera fin 1974. Ces poupées ont un visage très stylisé, et les cheveux sont fixés sur une perruque collée.
Interdite de création en France pendant trois ans par une clause de non-concurrence qui la lie à son ancien employeur, elle crée aux Etats-Unis « Honey Baby », chez FISHER-PRICE (poupon commercialisé en 1976). En France, elle travaille à la création de déguisements sous la marque « ANSELME », une entreprise qu’elle a rachetée avec son mari. ( Je le précise car on peut trouver des poupées marquées «corolle-anselme », qui doivent dater de 1979).
Passé le délai d’attente, elle fait une offre d’importation à la firme anglaise PEDIGREE, et retouche le poupon « First Love », qui devient « Chérubin » en France.
Puis elle crée, grâce à l’aide de BELLA, qui assure la fabrication des têtes, des poupées au corps rembourré d’ouate légère en rhovyl : « Bonbon », « Grenadine », « Tartine » et trois poupées premier âge : « Tom », « Pouce » et « Pirouette ». Ces poupées , non marquées, porteront une étiquette ronde mentionnant : « les poupées de Catherine Réfabert ».
En 1979, c’est la création de « Bébé Chéri », et le choix du nom « Corolle », proposé par Carole, la fille de Catherine : c’est un grand succès, et ce poupon reste la mascotte de la marque, toujours produit sans aucun changement de physionomie depuis sa création !
Photo Mifaon
Suivent « Flore », « Rose », « Pénélope », « Isabelle », au visage proche du réel, des yeux proportionnés au visage, et des cheveux montés sur perruque.
Le succès aux Etats-Unis donne l’idée à Catherine de créer des séries limitées de poupées destinées aux collectionneurs : en 1986, elle crée « Douchka », puis en 1987 et 1989 « Tania » et « Ludmilla ». Ces poupées sont réalisées à trois cents ou cinq cents exemplaires, numérotées, signées et distribuées dans le monde entier.
En 1990, COROLLE s’associe avec MATTEL, le géant américain... L’aventure racontée par Catherine dans son livre s’arrête à peu près là, mais l’enchantement des poupées COROLLE n’a pas faibli dans les années suivantes... Je laisse la place à présent aux collectionneurs qui, grâce aux poupées et aux catalogues en leur possession, peuvent compléter et continuer l’histoire...
Un grand merci à Catherine REFABERT pour son livre passionnant, dans lequel j’ai puisé tous ces précieux renseignements .